Histoire

Du XIe siècle jusqu’en août 1914, une ancienne église en pierre se dressait presque au même emplacement que l’église actuelle. Elle jouxtait l’ancien château fort de Becquincourt.

Les vestiges du château fort ont disparu depuis 1870, ne laissant derrière eux que l’église et le muret qui les séparait autrefois.

La Grande Guerre commence, et l’armée allemande s’empare rapidement du village avant d’être stoppée dans son avancée. Becquincourt se retrouve ainsi en première ligne du front, aux côtés de Dompierre-en-Santerre.

Assevillers, en retrait, devient une base arrière pour l’armée allemande, où les soldats viennent se reposer et se détendre entre les combats.

L’armée allemande contrôle le village depuis deux ans. Des boyaux de communication sillonnent chaque recoin, et de lourdes mitrailleuses sont embusquées à tous les angles de rue.

Depuis une semaine, l’armée française bombarde sans relâche pour chasser l’ennemi. Ce sera la fin de l’église du XIe siècle, mais le village est libéré, et l’armée française progresse sur le front.

C’était une chose que personne n’aurait pu imaginer pendant des siècles, mais le village fut entièrement détruit pour être libéré de l’occupation allemande. Il ne resta plus rien de Dompierre-en-Santerre et de Becquincourt. L’église devint un amas de pierres, et la zone fut jonchée d’obus et de grenades. 

Les photos de l’église redeviennent françaises.

Il faudra douze années pour qu’une nouvelle église flambant neuve ressurgisse de terre : dix ans de négociations, d’élaboration de plans et de devis, puis deux ans de reconstruction.

Aucune image de cette époque n’existe, mais j’ai retrouvé les plans, les devis et les documents de négociation aux archives départementales de la Somme, dans les dossiers “R” pour Reconstruction.

La nouvelle église de Becquincourt est flambant neuve, à l’image du reste du village. Une nouvelle génération d’agriculteurs, venus de Picardie et de Belgique, s’installe à Dompierre. Pourtant, l’église est peu fréquentée.

Dans les années 1970, Dompierre-en-Santerre et Becquincourt fusionnent pour ne former qu’un seul village : Dompierre-Becquincourt. Peu à peu, la nouvelle église de Becquincourt est délaissée au profit de celle de Dompierre, plus centrale et plus grande.

Le 20 juin 1978, l’évêché donne son accord pour sa désacralisation, qui sera officiellement actée le 19 mai 1983. Commence alors un long abandon.

Privée de sa fonction sacrée, l’ancienne église de Becquincourt sombre peu à peu dans l’indifférence. Les années passent, et les murs autrefois neufs se fissurent sous l’effet du temps et de l’abandon.

Ce qui fut un lieu de prières et d’espoir devient un espace vide, oublié de tous, qui se remplit petit à petit pour devenir un dépotoir.

Ce qui fut un dépotoir commence à renaître. Peu à peu, l’ancienne église de Becquincourt entame une nouvelle vie, portée par une volonté de préservation et de renouveau.